Sur ce que I'on appelle la "route de la côte", sur la gauche . à I'entrée d'Ambleteuse, se dresse un bâtiment moderne bordé d'une rangée de drapeaux. Vous. êtes au musée historique de la seconde guerre mondiale, ouvert depuis maintenant cinq ans par deux passionnes de cette période de I'histoire contemporaine, MM. Barbe et Deschodt, qui depuis un quart de siècle, pièce après pièce, avec un incroyable souci du détail, ont constitue une collection unique, la plus riche en France en uniformologie. Le pourtant réputé musée de Bayeux, consacré à la bataille de Normandie, certes davantage axé sur le matériel, n'offre pas la même densité et la même qualité de mannequins aux tenues pleines d'authenticité dans un décor parfaitement bien reconstitue. Chaque scène de la vie militaire est en effet soigneusement reconstituée derrière un bel alignement de vitrines dans une surface d'exposition d'environ 800 m2,Les visiteurs d'ailleurs, ne s'y trompent pas pour la plupart.

"Remarquable par sa diversité, le bon état des pièces et documents exposes et l'intelligence de leur présentation.Nous sommes en présence d'un travail de grande pédagogie"écrit I'un d'entre eux sur le livre ou I'on peut, avant de quitter les lieux, noter ses impressions. Et ces visiteurs viennent de partout. En feuilletant au hasard quelques pages, voici des Allemands, des Anglais, des Australiens, des Japonais...et même un groupe de Tahitiens. De la Pologne au Pacifique Dans cet équipement de conception récente, chaque vitrine correspond a une période du grand conflit tout en respectant I'ordre chronologique des évènements. C'est ainsi que la visite débute par la campagne de Pologne puis se poursuit par l'expédition de Norvège, la drôle de guerre, le temps de I'occupation, le mur de l'Atlantique avec I'intérieur d'un blockhaus si fidèlement reproduit . que I'on se croirait en compagnie du soldat "Feldgrau" vaquant à ses tâches quotidiennes sous la masse de béton armé alvéole de I'une des forteresses construites par l'Organisation Todt. La vitrine de la guerre en Russie est également saisissante de vérité, de réalisme avec ces combattants en tenue d'hiver

dans un décor de circonstance. Nous voici maintenant devant une autre impressionnante mise en scène particulièrement d'actualité puisqu'il s'agit du débarquement où le Ranger du 2ème bataillon voisine avec le sous-officier de la Waffen SS et son blouson de camouflage ou encore ce tireur d'élite Allemand et son fusil semi-automatique équipé de sa lunette. Comme dans toutes les autres vitrines, insignes, coiffures, casques, armes, munitions, affiches, tracts, journaux, illustrations photographiques complètent la présentation des collections dont il est à souligner l'excellent état de conservation et d'entretien.

Clarté et précision: Même "I'armée des ombres ne saurait être oubliée. Dans I'un des couloirs se dresse une cabane de transmission utilisée dans le maquis et quelques pièces qu'il n'est pas courant de rencontrer, telle cette boucle de ceinturon de I armée allemande sur laquelle un maquisard a soudé une croix de Lorraine, ou encore ce minuscule petit cercueil que la Résistance envoyait aux "collabos" pour leur signifier leur arrêt de mort Dans une autre vitrine un drapeau du 2ème bataillon du 61ème régiment d'infanterie de la Wehrmacht entièrement brodé à la main. Il n'existe en France que deux exemplaires de ce type. Le second se trouve au musée des Invalides à Paris. On remarquera encore, au fil de la visite, fruit des fouilles effectuées sur les plages de Dunkerque et de Zuitcoote, des fragments d'armes ou d'équipements ayant appartenu aux forces franco-anglaises repoussées vers la mer par la débâcle de 1940.

D'objets de curiosité en armes peu répandues, le musée d'Ambleteuse vous plonge au cœur d'un conflit sur lequel viennent se braquer les feux de l'actualité avec les cérémonies du cinquantième anniversaire de l'opération " Overlord " et de toutes les manifestations qui s'ensuivent. " Notre musée se renouvelle chaque année. Nous disposons de 120 soldats en réserve" explique M. Denis Barbe. C'est ainsi qu'une partie de la toute prochaine exposition consacrera une place de choix à la libération de paris. Mais que serait un bon musée sans de bonnes explications. Rédigées en quatre langues, les étiquettes sont claires, bien documentées et parfaitement lisibles.

Une salle vidéo projetant des films d'époque complète agréablement lza visite de ce musée privé qui, comme les autres, joue un rôle touristique indéniable et espère que les pouvoirs publics saurons un jour en tenir réellement compte.

Herve DEGUINES